Grand nettoyage d'été de la chapelle

Armé d'une tête de loup et bardé de balais, voici Bleiziruz à l'assaut de la chapelle. Place, place ! écartez vous araignes et grenouilles, on nettoie, on astique et en avant la musique !
Faut que ça brille, faut que ça suiffe, cette chapelle doit accueillir bientôt deux baptêmes, et donc doit être neuve comme l'âme de ces soldats !

Sans un mot, le Grand Maître vint donner un coup de main au nettoyage de la Chapelle... après tout, les personnes âgées de l'EM devaient donner l'exemple !

Il s'empara d'un des balais au sein du faisceau formé par le Faucon Bleiziruz et se mit à en passer de vigoureux aller-retour dans l'allée centrale, chassant la poussière vers la cour ensoleillée.

Au bout d'un moment, le borgne se mit même à chantonner très doucement "Nétwayé, baléyé, astiké, kaz la toujou penpan..."

Y en avait de la poussière dans cette chapelle ! la tête de loup, ce grand plumeau posté sur un manche, faisait tomber des toiles d'araignes grandes comme des coiffes de nonnes. Tant qu'à faire, un coup de plumeau sur les clefs de voûte dont les blasons ne se voyaient même plus sous le pouce de poussière ne faisait pas de mal. Un nuage de poussière qu'il y avait. Pour le disperser, Bleiziruz alla ouvrir le portail occidental et la porte derrière la sacristie, puisque la petite porte des Morts n'était ouverte que lors des - rares- enterrements et ses pentures fatiguées auraient cédé au moindre effort. En passant, il vit un ancien qu'il reconnut s'affairer au balai et le salua.

Salut, Kal !

Il manquait toujours Corisande... trop de poussière peut-être. Il mit de côté pour quand elle entre un pot de cire et des chiffons. Les boiseries, les bancs, le lutrin, la table de communion etc. devaient être astiqués après dépoussiérage. Et comme le nuage retombait il s'attaqua à faire des tas de toute cette poussière.

Kal répondit de la main au salut -bien peu réglementaire- du Faucon Bleiziruz. D'ailleurs, le borgne avait la tête ailleurs, un peu estomaqué qu'il était par la quantité de poussière soulevée dans le saint lieu.

Pourtant des cérémonies funèbres s'étaient tenues là il n'y avait pas si longtemps malheureusement, et Kalwynn lui-même s'était occupé de la bonne allure de l'endroit... c'était à n'y rien comprendre, ou alors il y avait eu pendant leur absence sur les routes une tempêtes de sable qui avait amené la moitié du gravier de la place d'armes jusque dans le chapelle.

Il fallait se rendre l'évidence, c'étaient des nuages de poussière que les deux faucons chassaient de l'église.
Le Grand Maître avait remonté sur son nez son foulard, et son oeil valide commençait même à le piquer légerement.
Mais pour l'instant, leurs camarades n'avaient pas suivi leur exemple en venant grossir les rangs des "nettoyeurs"...

Du pallier de la porte, une voix héla Kalwynn. C'était Mankel, en pleine ronde apparemment.
Eh bien vous en faites de la poussière ! Qu'est ce qui se passe ?
Mankel ne cachait pas son inquiétude à voir Kalwynn venir dépoussiérer la chapelle. Cela pouvait présager une funeste nouvelle.
J'espère que tout le monde va bien.
Il retira son heaume, laissant apercevoir ses cheveux blond mi-long quelque peu en sueur, il faisait chaud en plein soleil sur la place.
Il observa d'un coup d'oeil Bleziruz en plein travail et l'avancement du nettoyage. Il restait fort à faire.
Besoin d'aide ? demanda t'il avec un sourire.
Mon tour de garde sera bientôt terminé, je peux commencer tout de suite. Si le Grand Maître m'autorise à quitter mon poste bien sur. De toute façon vu la quantité de nouveau qui semblent se manifester en ce moment, je me sens un peu inutile à suspecter chaque intrus alors que ce sont des recrues potentielles. J'ai même failli en prendre un pour un agresseur l'autre soir.

Heureusement que Mankel n'avait pas sauté sur la jeune blésoise que j'ai conduit ici, se dit Bleiziruz... c'est qu'elle est du genre timide.

Ne vous inquiètez pas Mankel, ce n'est pas pour un enterrement, mais pour deux baptêmes. Nous faisons donc le grand ménage, et comme j'ai trouvé une tête de loup, je dépoussière les voûtes et la hauteur, ce qui n'a peut-être pas été fait lors de précédents nettoyages, c'est pourquoi il y a plus de poussière que prévu.

Et puis vous n'étiez pas seul à sauter sur ce patichon en sabot tantôt. Mieux vaut plus de prudence que pas assez. Venez vous joindre à nous, vous pourrez faire la guerre aux araignées et autres masles bestes !

En Baillant, et oui, elle avait été de garde toute la nuit...Cori pousse la porte de l'église.

Elle entre dans un nuage, certes de poussières mais un nuage quand même, elle aperçoit à peine Bleiz tête de loup en main en train de traquer la moindre toile d'araignée , Elle se met à rire hé ben! y a du boulot...Mais quand c'est que tu dors,je te vois a toutes les heures du jour et de la nuit...,

Même Kal Balaie en chantant..Mankel en armure discute avec eux, il devait avoir fini son tour de garde,

Tu as l'air d'avoir chaud Mankel,tu devrais te tremper dans un baquet d'eau fraîche.

Scuse Bleiz, je me suis endormie , je ne t'ai pas dis qu'en plus d'être la reine des sirènes j'étais la reine des marmottes....

Elle noue rapidement un foulard sur sa tête, met un tablier pour essayer de protéger sa chemise et ses braies.
Sur un banc un chiffon et un pot de cire d'abeille lui font de l'oeil, c'est sûrement à son intention que Bleiz les avait posés là.
Désemparée, elle se demandait par quel bout commencer.....

Bon, je vais attaquer par les premiers bancs , en sifflotant elle dépoussière, cire ,fait briller....

Wouaouhhh ça change!

Derrière l'autel deux portes , une à gauche, une à droite, "ce doit être la sacristie" Elle frotte, frotte...Ca y est la gauche est faite, les ciselures ressortent,bien lustrée elles n'avaient pas du voir la lumière des vitraux depuis des années...

La droite maintenant. Cori chantonne doucement, elle commence à avoir mal au bras à force d'astiquer, mais après tout elle est en train de faire travailler ses muscles.....

En prenant appui sur celle -ci, elle entend un grincement...la porte s'entrebaille d'elle même, curieuse elle l'ouvre plus largement et passe son petit nez dans l'interstice, des marches d'escaliers en vieilles pierres,disposées en colimaçon puisqu'elles ont l'air de monter dans une tourelle, pleines de fientes , des plumes y sont collées et ...horreur une nuée de chauve-souris dérangées s'envolent dans tous les sens en poussant des cris stridents.......

Au secours! à moi! y a plein de bêtes !Bleiz!!!!Mankel!!!!Kalllllll Venez vite!

Horreur ! la porte du clocher ! on l'avait oubliée celle-ci !
Bleiz chopa le premier balai qu'il trouva, et alla ouvrir grande la porte du clocher. Un courant d'air s'engouffra par la cage d'escalier qui piqua ses yeux mais balaya les poussières et les bêtes vivantes. Les mortes, pigeons secs itou étaient en revanche restées collées aux marches en tuffeau.

Attends-moi un instant Cori, je crois qu'il va falloir nettoyer tout cela et tu va m'aider.

Dehors, posé contre le mur de la chapelle, une grande auge de maçon à brancards séchait. Une auge pleine qui pourrait être sortie par deux hommes de pleine santé. Un seau à côté attendait qu'on s'en serve comme benne portative. Il attrapa l'un et l'autre, ainsi qu'une pelle-grattoir posée dans la sacristie, et mit l'auge dans la chapelle à droite de la porte, le seau sous son bras et la pelle dans son poing.

Swif, swif, raaac raac grattant marche après marche, il entreprit de s'ouvrir un chemin dans la cage, éclairée par de fines meurtrières qui laissaient passer un jour vert filtré par les toiles d'araignes. La tête de loup devait avoir oublié ces murs d'où pendait la poussière en couche. Son seau plein, il le passa à Cori pour qu'elle le vide dans l'auge et reprit son ascension. Plus haut les marches commençaient à être plus propres.

Tu viens Cori?

Se délestant d'une partie de son équipement sur un banc, Mankel attrapa un des balais pour aider Kalwynn à la tâche. La Chapelle était grande, il y avait bien assez de travail pour deux vu que Bleiziruz avait déniché quantité de poussière sur les murs et décorations. La salle devint donc rapidement irrespirable.

- Ce n'est pas moi qu'on baptise, j'irai plus tard, répondit il à Corisande, en plus on ne risque pas de sortir d'ici propre.

Prenant exemple sur le borgne, il noua un foulard sur sa figure ce qui lui donnait l'air d'un bandit de grand chemin et entama le balayage de l'autre coté de la chapelle.
Il continua son travail un moment jusqu'à ce que retentisse les cris de détresse de Corisande en provenance apparement du clocher.

Vaillant chevalier, le Breton s'élança armé d'un balai au secours de la blondinette. Apparemment Corisande avait rencontré la faune locale, peut être un rat ou bien des chauves souris.
Il s'adressa à Kalwynn un peu plus loin, sa voix légèrement étouffée par le foulard.

- Je crois qu'il s'agit de leur premier combat. Ils devraient s'en sortir sans trop de mal.

Continuant son ouvrage, il ne manquerait pas de questionner à leur retour ses braves compagnons sur la nature des vaincus.

Cori se débattait avec une musaraigne accrochée par ses pattes et ses petite ailes, dans ses cheveux qui sortaient en cascade de son foulard.....

NAN! je viens pas....Et vous les autres la bas au lieu de rigoler dans votre barbe aidez moi à enlever cette bestiole!

MANKEL! va aider Bleizh je prends ton balai!

Pffffffff! pas de réponse, le blond faisait le sourd, quand à Kal, ce qu'elle en distinguait c'était un oeil rieur derrière son foulard!

C'est ça votre solidarité fraternelle?

Arfffff! à force de gigoter elle réussit à faire s'envoler la petite bête qui avait lâché prise, la pauvre bestiole complêtement affolée, dérangée dans son sommeil se cognait aux murs du clocher.Ca ne devait pas être souvent qu'elle se retrouvait accrochée dans une tignasse bouclée...Quelle aventure pour une pipistrelle!
Cori sourit à l'aventure de la bestiole.

Mais comment ça pouvait être aussi dégoutant?Encore heureux! C'est le breton qui décrassait et brossait les marches se contentant de lui passer le seau à jeter, finalement il est gentil ce breton, elle l'aime bien ce breton là!
.
En attendant les autres seaux à verser dans l'auge, elle prend la fameuse tête de loup et s'applique à enlever les toiles d'araignées qui pendouillent au travers des meurtrières ,son balai à toile d'araignée commençait à ressembler à un gros écheveau de poils de moutons prêt à être filé.

Les jeunes Faucons faisaient décidément un boucan dingue... notamment Corisande qui avait dû dénicher quelque bestiole à poils, plumes ou écailles dans l'escalier du clocher.

Le Grand Maître les laissa gérer la crise entre eux. Un nettoyage collectif de Chapelle ne pouvait que renforcer la cohésion au sein de groupe.

Souriant sous son foulard, il prit quelques secondes de pause, les mains croisées sur le balai. De son oeil valide, il considéra les modestes -mais jolis !- vitraux de l'édifice. L'ingénieux Bleizirur trouverait peut-être un moyen d'aller les frotter un peu...

Mankel s'était contenté d'observer Corisande de débattant avec une chauve souris. La question étant de savoir laquelle des deux était la plus agitée.
- Elles sont encore plus effrayées par toi que tu ne l'es. Même s'il n'y parait pas elles sont très rapide et évitent toujours les obstacles aux derniers moments. La solution étant de ne pas bouger. C'est surement parce que tu l'as fait qu'elle s'est prise dans tes cheveux.
Il expliqua ça posément, continuant son ouvrage. Finalement, il leva les yeux vers Corisande avec un peu d'inquiétude.
- Fait moi voir ton visage. J'espère qu'elle ne t'as pas griffé. Il s'approcha et posa un doigt sous le menton de la blondinette lui faisant lever la tête vers lui pour qu'il observe sa figure.

- Elles sont encore plus effrayées par toi que tu ne l'es.....

Cori posa son seau vide, mit la main dans sa poche et en sortit la minuscule pipistrelle ,caressant les poils soyeux de la petite bête.

Puisque le beau et glacial Mankel lui parlait ,elle se tourna vers lui.

Ha! tu vois que j'ai pas peur! Je l'ai rattrapée , elle a une aile cassée, j'essaierai de lui réparer avec des petits bouts de bois et un peu de glu.

.Et puis comment veux tu que je ne bouge pas , alors que j'arrête pas de frotter!Et puis j'ai été surprise! Et puis ça fait tout bizarre d'avoir cette petite chose prise dans mes cheveux!

Le géant avait- il donc un coeur? Il s'approcha d'elle, de son index replié il lui souleva le menton avec délicatesse. Dans son oeil d'azur il y avait une petite lueur d'inquiétude.

Instantanément radoucie Cori leva la tête vers lui, plongeant son regard clair dans le bleu des yeux de Mankel. Ses pommettes rosirent d'émotion, il y avait tellement longtemps qu'un homme n'avait posé ses mains sur elle, que l'émotion lui coupa presque la parole. Et il en fallait pour l'empêcher de parler.......

Troublée, elle balbutia ,Non, je n'ai rien , merci de t'en préoccuper...

Eh bien, quel ost ! voilà que Mankel allait troubler ses manoeuvres d'approche !

Bleiziruz attrapa son seau plein, posa la pelle contre le mur de l'escalier, qui là commençait à partir un peu sur la gauche comme un ivrogne, et vida le seau dans l'auge à brancards, en bas, qui commençait à être pleine à moitié.
Lâchant le tout en place, il s'approcha de la blonde montargoise

Pas trop peur, Cori?

Faisant le tour d'un oeil expert il ne constata aucune griffure ou bleu. Pas de blessures visibles en tout cas. Quant aux blessures de l'âme, il étreignit la blonde venu du pays des forêts.

Allez, viens. Laisse cette pauvre bête en paix, qu'elle aille se suspendre à son perchoir jusqu'à ce que cela guérisse. Si tu lui colles, elle ne sera plus acceptée parmi les siens, car la glu sent l'Homme. Les siens la nourriront jusqu'à qu'elle soit guérie, sois sans crainte, ce n'est pas la première fois qu'une chauve-souris fait une mauvaise rencontre.

Il passa sa main dans la tignasse de la blonde pour enlever un fil d'araigne, et sourit

Quoique si j'étais la pipistrelle, je n'aurai pas appelé ça une mauvaise rencontre, moi. J'y serai même resté, elle me plait cette chevelure blonde. Allez viens, je suis là, et je ne crois pas que ces bêtes se mesureront à moi, elles savent qu'il vaut mieux rester à leurs perchoirs.

La tête de loup était près la porte du clocher. Il regarda les vitraux, puis Mankel tout en entraînant Cori vers le clocher.

Hmm, ces vitraux sont couverts d'une couche de poussière collée aux vistres. Mode d'emploi : secouer la tête de loup, trouver un nouveau plumeau de paille, le monter sur le manche et le tremper dans l'eau, frotter les vistres puis laisser sècher, frotter à nouveau avec la tête de loup sèche. Saurais-tu faire, Mankel? sinon je m'en chargerai quand nous serons redescendus.

Mankel avait mis quelques instants, apparemment perdu entre la simple vérification et ailleurs, avant de s'apercevoir de la présence de Bleiziruz tout proche d'eux.
Il s'écarta de Corisande avec une pointe de gêne que le Breton ne remarqua pas, accaparé qu'il était à complimenter la Montargoise.
Il recula de quelques pas, reprenant son balai.
S'en suivit une description un peu longue qu'il n'écouta pas vraiment, jusqu'à ce que Bleiziruz prononce son nom.
Apparemment celui ci souhaitait lui assigner le nettoyage des vitraux. Il se montrait décidément directif et cela agaçât un instant Mankel pour une raison qu'il ne s'expliqua pas.
Se reprenant il répondit à son camarade faucon avec indifférence :
- Si tu veux...

Cori sentit une légère tension entre les deux jeunes faucons, peut être que Mankel n'aimait pas recevoir des ordres par quel qu'un d'autre que ses officiers supérieurs.....

Le blond recula d'un pas, elle aussi ressentant une petite gène ,l'espace d'un souffle, elle avait oublié l'endroit ou elle se trouvait , plus rien ne comptait que ce regard de lac glacé ,penché sur elle, son coeur battait la chamade,mais la jeune fille se reprit très vite.

Elle prit un air dégagé,souriant aux deux jeunes coqs de combat! Ha oui les vitraux tu es si grand Mankel ce ne sera rien à faire pour toi!

Bleiz se montrait prévrenant et avait l'air de tout connaitre de la vie est moeurs des pipistrelles de clocher.Le jeune breton était drôle, il la fit rire.

Mauvaise rencontre? mauvaise rencontre, nan ,mais dis donc,elle ne pouvait pas rêver de nid plus doux que mes cheveux cette petite bête..!C'était une connaisseuse.

Allons y mon chevalier de la Pipistrelle, sus aux araignées ,lézard et salamandres!

Dis j'espère qu'après tout ça on pourra aller boire un coup à la taverne de l'OST, j'ai l'impression d'avoir la bouche en carton.Et puis depuis le temps que tout le monde me promet une chope,je ne sais même pas ou se trouve la taverne!

En riant elle commença à monter deux par deux les marches de la tourelle du clocher.

Allez le premier arrivé est invité par les autres!...........

Les bras croisés sur le torse, à l'ombre d'une colonne, une ombre silencieuse n'avait rien perdu de la scène.
Le Grand Maître, souvent discètement, avait toujours beaucoup observé "ses" Faucons.

Le bras droit du capitaine ajusta machinalement son bandeau, et sortit sans bruit en direction de la Taverne, pour préparer une table à ces vaillants nettoyeurs.

Bleiziruz regretta de s'être montré si direct auprès de Mankel, mais le voyant attaquer sans grand entrain le nettoyage des vitraux, préféra ne pas le déranger et grimper dans le clocher dont la voie était dégagée, enfin. Après une cinquantaine de marches inégales, l'escalier prenait de l'ivresse et partait à gauche, vers la tourelle du clocher située au-dessus de la nef. Il devait sans doute s'achever par une série d'échelles pour passer au-dessus de la voûte. La blonde Montargoise était loin devant, il la rattrapa au sommet de l'escalier, ou une porte menait dans l'inconnu. Il tira la porte, dérangeant une grosse araigne noire. Ils étaient dans les combles. Une échelle, entrelacée avec une poutre, tantôt dessus tantôt dessous, menait sans doute au clocher.

Agile et légère la blondinette avait distancé Bleiz, elle l'attendait assise sur une marche dos calé contre une porte vermoulue.Elle se poussa légèrement pour permettre au jeune homme de continuer l'exploration du vieux clocher relevant la tête pour le regarder.

Tu es sûr que tu veux l'ouvrir??T'en a pas assez des surprises?

Elle n'avait jamais vu ça des échelles dans tous les sens retenues par des poutres, et pourtant quand elle était enfant aucun grenier n'avait de secret pour elle, et c'est a coups de pieds dans les fesses que son père la faisait redescendre.

Une grosse araignée se déplaça a toute vitesse, délaissant sa toile.
Ben oui hein! Huit pattes ça aide.

Dis Bleiz fais attention tu vas te casser la figure,elles ont pas l'air bien solide ses échelles. Tu comptes nettoyer la cloche aussi!!Je t'attends ici.

La jeune fille se relève et regarde par la meurtrière, Si tu voyais comme c'est beau!!Dis tu veux être fantassin ?Fantassin on a pas nos chevaux? Ca m'embête de laisser Terra! Et puis moi j'aimerai bien être archère, mais je veux rester avec toi et Mankel. Dis t'as pas soif?

De son coté, Mankel avançait bon train.
La couche de poussière sur les vitraux ne s'était pas révélé bien épaisse et le grand blond, armé de la tête de loup apportée par le faucon Bleiziruz, avait pu atteindre sans difficulté particulière sa cible.
Bien sûr, il en restait quelque peu au niveau des jointures, mais à cela il n'y avait pas de solution.
Ayant terminé, il déposa les balais et autres ustensiles présents dans un coin de la chapelle et rassembla ses affaires, se préparant à partir.

En cheminant dans les combles, Bleiziruz pensait à Mankel qui devait frotter, frotter, les bras tendus... avait-il pensé à frotter le vitrail dessus l'autel? là il y avait du temps à passer. Mais bon, il pouvait aussi le faire en descendant, s'il ne se jugeait pas assez poussiéreux encor.

Il voyait aussi les araignées et se disait "Y en a des araignées ! huit pattes ou pas, elles n'échapperont pas au grand déguerpissage d'été" :

Citation :: Dis Bleiz fais attention tu vas te casser la figure,elles ont pas l'air bien solide ses échelles. Tu comptes nettoyer la cloche aussi!!Je t'attends ici.

Et des questions encore.

Courbant la tête pour passer sous une poutre comme s'il s'inclinait devant la rafale de questions, Bleiziruz répondit.

Soif, oui, gratter l'escalier, ça le donne vraiment. Quant aux échelles, enfin, à l'échelle, non, aux deux échelles, elles doivent être solide, viens voir !

Il s'approcha de l'une d'elle, et la secoua un peu. Elle avait l'apparence fragile du fait de toute la poussière posée sur elle, une fois celle-ci partie, le chêne des coteaux de Mesland se découvrit, dont les cernes fines tant la froidure y est grande, sur ces coteaux rudement pentus, lui donnait une robustesse sans pareille face aux injures du temps.
Avec la poussière, deux pigeons nichés sur la plateforme où l'on changeait d'échelle, cette fois pour aller sous une poutre courbe, puis remonter dessus, s'envolèrent à grand battant et allèrent se percher sur le surfaîtage au-dessus du choeur, à quelques mètres. Un troisième, peut-être posé sur la trappe du beffroi, se laissa tomber presque sans bruit sur la dite plateforme, quatre mètres plus bas, et alla sans plus de cérémonie rejoindre ses comparses, accompagné par la voix rieuse de Bleiziruz

Ah, v'la messeires pigeons qui se tentaient une belote, ou qui cassaient une petite graine. C'est loupé, v'la les chasse-areignes de l'ost, y sont entrés en campagne, et même y sont montés ! et si on allait se percher à leur place pour faire la même chose, et n'être pas cloches en descendant du clocher sans avoir vu le bourdon?

La jeune fille leva le nez pour voir Bleiz perché sur une poutre faisant s'envoler deux pigeons , qui vinrent se poser plus bas.

Bouge pas, je te rejoins!
Et la voilà, qui grimpe à l'échelle, puis contourne une poutre et prend une autre échelle qui la mène près du jeune breton.Elle s'assied a ses côté , jambes pendantes dans le vide
D'un doigt qu'elle passe dans la barbe dorée de son compagnon de nettoyage, elle enlève une toile d'araignée.

Dis ou t'as mis ton nez , c'est toi la tête de loup?

Tu veux vraiment nettoyer la cloche aussi? Moi j'en ai marre, j'ai mal aux bras.Je te laisse là et je vais boire un coup avec Mankel et Kal!

Où j'ai mis mon nez? Dans l'auguste demeure d'une araignée !

De cette plateforme presque sous les toits, il alla quand même par acquit de conscience voir la cloche. Soulever une trappe, entrer dans une chambre de cloche de plan hexagonale claire et même lumineuse, mais très venteuse - elle est ajourée - toucher la cloche. Plutôt propre. Il la fit tinter pour l'entendre.

Ding !

Et comme on arrivait aux trois quarts de huit heures,

Ding

Ding !

Dans la cour, un soldat étonné leva la tête et vit pour la première fois sans doute le clocher de la chapelle. Aux salles de formation, dont on voyait les fenêtres là-bas, Bleiziruz vit des recrues délaisser le code pour se coller aux croisées. Il se dit qu'il en assez fait d'animation et que la fatigue pointait. Il lacha le battant, caressa les inscriptions en lettres gothiques de la cloche et jeta un dernier regard sur la caserne, de là-haut, puis se coula à travers la trappe qu'il referma. Il se promit de retourner au clocher dès qu'il pourrait.
Le jeune loup tendit la main à Corisande

La vue est magnifique là-haut, mais tout cela fatigue. Tu as raison, redescendons. Maintenant que j'ai mis ma tête partout, le clocher est propre, et la chapelle aussi.

Lorsqu'il arrivèrent en bas, la chapelle était vide. Rassemblés dans un coin non loin de la porte se trouvaient balais, brosses et têtes de loup.
Le nettoyage des vitraux était terminé, la chapelle semblait bien plus lumineuse ainsi.
Mankel se tenait à l'extérieur, venu sans doute observer le clocher que Bleiziruz venait d'actionner.

Bleiziruz, qui était arrivé en bas et refermait avec quelque regret la porte du clocher, aperçut Mankel. Il tenait l'occasion de s'excuser pour la rigueur de son ton.

Mankel, tu m'excusera pour la sécheresse de mes propos tout à l'heure, j'étais en proie à une tension inexplicable, je suis désolé.

Il regarda les vitraux

En tout cas, c'est beaucoup, beaucoup, beaucoup mieux comme ça. Et la cloche, elle fait un bon son?

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