Siffler en travaillant (1)

Yondolar avait été désigné pour remettre un peu d'ordre et de propreté à l'entrée de la caserne. Pour l'occasion, il avait revêtu de vieux habits et s'était muni d'un balais de genêts, d'un vieux chiffon de chanvre et d'un peu de saponaire pour mousser le sol.

Il se dirigea donc vers la halle des arrivants pour voir ce qu'il y avait à y faire. Il décida qu'il commencerait son nettoyage par le bureau des inscriptions pour l'armée.

Durant son trajet, il se fredonnait une chanson pour se mettre un peu d'antrain:

"Sifflez en travaillant,
Et le balai parait léger si vous pouvez siffler

Frotter en fredonnant
Pour qu'en profitant la musique vous aide à travailler

En nettoyant la halle des arrivants,
Pensez que le balai est votre belle et tendre,
Soudain vos pieds se metteront à danser

Quand l'âme est folle, le temps s'envole
Sifflez en travaillant".

Une fois sur place, Yondolar commença par retirer les toiles d'araignées qui pendaient sur les hauts plafonds de la salle. Puis, lustra les meubles et les chaises, avant de les remettre en ordre.
Il passa un petit coup de balais, puis attrapa un seau cerclé, qu'il alla remplir d'eau du ruisseau qui coulait non loin. Ensuite, il écrasa les feuilles de saponaires pour obtenir une mousse légère. A quatre pattes, il commença à nettoyer le vieux carrelage, usé par les nombreux pas des arrivants et du vider son seau 5 fois, tellement le sol était noir de poussière.

Le berger Allemand avait trainé dehors, comme à ses habitudes.
Après avoir galopé quelques lièvres, qu'il avait débusqué près du grand pré de la caserne, il s'était essoufflé à les courser. Les petites boules de poils aux oreilles pointues, étaient définitivement plus rapide que lui. Il se dit que chassait les animaux noirs qui se trouvaient sous terre, nécessité une moindre dépense d'énergie.
Une chose en amenant une autre, il s'approcha d'un petit monticule de terre qui commençait à se former à la surface. Le terre humide se soulevait de plus en plus et Attila savait que lorsque le sol bougeait ainsi, il y avait derrière une taupe à croquer.
S'approchant doucement pour ne pas créer de vibrations, Attila avait le regard alerte et la queue en mouvement. A niveau du petit tumulus, il commença à creuser hardiment et rapidement. Quelques grognements d'excitations se faisait entendre.
Soulevant la terre et creusant pour attraper le petit mammifère, le canidé arriva à découvrir la taupe qui semblait ne pas encore avoir compris que ses derniers instants approchaient....
Vif comme l'éclair et ayant flairé l'animal, Attila, de ses crocs acérés, attrapa la taupe qui couina avant de se faire briser la nuque.
Attila joua un peu avec avant de n'en faire qu'une bouchée.
Léchant ses babines pour se nettoyer de son repas, Attila eut le regard fixe vers l'entrée de la caserne ou il lui semblait entendre du bruit.
Tendant les oreilles pour reconnaitre de qui il s'agissait, il n'eut pas longtemps à réfléchir pour se rendre compte que l'un de ses amis à deux jambes étaient dans les parages.
Il se mit à courir à toute allure, soulevant quelques herbes à son passage et regagna l'entrée de la caserne ou il trouva un ami à quatre pattes.
Dubitatif, Attila stoppa net devant l'homme. Que faisait il comme lui, à quatre pattes? La tête penchait sur le côté, le chien observa l'homme exécuter des mouvements au sol.
Pensant qu'il voulait jouer, Attila entra dans la salle tout content de cette idée.
Le sol glissait étrangement et semblait être froid et humide, comme l'herbe après la pluie....

Yondolar était absorbé au nettoyage de son sol, quand soudain, il entendit des pas légers s'approcher.
En levant la tête, il aperçut Attila, la mascotte de la caserne.
Le sourire qu'il adressa au chien, ne dura pas plus de 30 secondes. En effet, Attila amenait avec lui de la terre qui venait se coller au sol fraîchement nettoyé. Les traces de pattes du chien, faisait de longue trainées sur le carrelage humide.

Le soldat émit un soupir et ne put retenir son énervement:

- Attila! Du balais! Dégage! Va t'en! allez OUSTE!!!! Tu est en train de me pourrir mon sol la! Va voir ailleurs si j'y suis!

Yondolar faisait de grands mouvements avec ses bras et gesticulait dans tout les sens pour faire fuir l'animal.

Attila, à l'intonation de son ami à deux pattes, sentit qu'il avait fait quelque chose qui de mal. Mais il ne su dire clairement de quoi il s'agissait. Peut être aurait il du ramener une taupe à son ami, pour qu'il soit plus fier de lui?

C'est tout penaud qu'Attila, pris la direction de la sortie et s'assit devant la porte d'entrée du bureau, la queue entre les jambes...

Un courant d'air amena de nouvelles odeurs suspectes. Attila, flaira l'air et émit un petit grognement, que Yondolar n'entendit même pas.
Curieux de voir d'ou venait ces nouvelles odeurs, Attila se mit à flairer le sol et se dirigea dans la caserne...

Octave soucieux de voir si les tâches demandées étaient accomplis se dirigea tout d'abord vers le halle des arrivants. Il y entendit des cris, visiblement d'énervements après Attila. Il y croisa Attila qui lui fila entre les jambes, l'air tout penaud de celui qui vient de se faire enguirlander. Le Capitaine resta au seuil de la porte, il y trouva un Yondolar entrain de bichonner et de récurer comme un diable l'endroit.

Wahouuuuu ! Cette endroit n'a plus commune mesure avec ce qu'il était avant, vous avez vraiment fait du beau travail ! Des soucis avec Attila ? Quand vous aurez finis on se retrouve tous en taverne pour fêter cela ! Merci à vous, merci pour l'ost !

Yondolar, après un soupir d'agacement, recommença à lustrer le sol ou Attila avait éparpillé la terre qu'il avait ramené avec lui.
Alors qu'il essora sa serpillère pour en retirer les grumeaux de boues, le Capitaine venait faire son inspection.

- Merci bien Capitaine. Il faut avouer que ce nettoyage était nécessaire! Je viendrais vous rejoindre en taverne avec plaisir! Mais, avant, je dois nettoyer l'entrée également. Je pense qu'il y a beaucoup à faire aussi!

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