Raymont marchait dans la caserne, d'humeur maussade, comme d'habitude. Au détour d'un couloir qu'il n'avait pas l'habitude d'emprunté, il vit Marchal sortir d'une pièce. Il salua son camarade et le regarda s'éloigner.
Piqué par la curiosité, il entra dans la pièce et découvrit la petite chapelle de la caserne. Un petit coeur, quelques bancs, quelques reliques, un lieu austère et calme. L'endroit avait été récemment nettoyé, la poussière résiduelle flottait encore nonchalamment dans l'air.
Raymont caressa du bout des doigts un banc et observa l'autel au niveau du coeur. Il se demanda combien priait encore le Dieu unique et son prophète Aristote. Toutes ces histoires de Dieu et de philosophe le laissaient indifférent. Il se demandait souvent quel Dieu omnipotent pouvait observer les hommes s’entretuer sans agir. Il ne croyait qu'à l'existence de potentiels entités supérieurs, forcément multiples, dont une seule était clairement identifiable : la mort et le néant.
Raymont tourna les talons et sorti non sans une discrète prière adressée à un quelconque Dieu, qui que fusse-t-il.