Chapelle Sainte-Victoire

Elle entra lentement dans la chapelle, le parchemin bien roulé dans sa main. Son coeur était lourd. Quelle malédiction planait donc sur sa famille? Son mari était mourant, et elle venait d'avoir l'annonce du décès du frère d'Arfast....
Thalor avait été aumônier de la caserne, certains soldats se souvenaient peut-être de lui, et il lui avait semblé qu'elle se devait de les informer.
Elle afficha donc le parchemin à l'entrée de la chapelle:

Citation :

Annonce du décès de Monseigneur Thalor de Riveroy.

Citation:

Aux fidèles du diocèse de Beauvais, Aux fidèles, à mes frères et soeurs, amis et proches, A l'ensemble de mes collègues de l'Assemblée épiscopale, A tous ceux qui liront ou entendront, Je vous écris aujourd'hui car je n'aurai bientôt plus la force d'écrire. Il appert urgent que je dois dans les plus brefs délais vous dire tout l'amour que j'ai pour vous. Pendant des années, j'ai enseigné à mes fidèles le message que voulait leur offrir notre dogme; J'ai tenté de rassurer par la parole de Dieu le plus grand nombre possible; J'ai marché où l'on m'a dit d'aller, et ce pour finalement m’apercevoir que le monde était un vaste et grand défi. Notre devoir est de faire notre part en cet univers pour finalement ne faire plus qu'un avec lui. Je suis bientôt parvenu, mes amis, à cet aboutissement. Si depuis longtemps je ressens en moi l'approche de la mort, j'ai maintenant la certitude de devoir vous quitter depuis que j'ai fait ce songe : « Sous moi défile l'immensité d'une forêt immaculée. De grands arbres tapissent la terre et de jolies vagues définissent le mouvement de l'eau d'un lac. Comme l'aigle qui vole dans les nuages et qui contemple de son paradis l'infimité terrestre, j'ai l'impression de me sentir soulever par les vents jusqu'à en perdre le contrôle et me retrouver à flotter dans un immense espace blanc et calme. Je n'ai plus le sentiment d'être un homme, je n'ai plus de sentiments. Je suis heureux et grand, ma vie derrière moi et mon avenir, paisible, devant moi. À partir de ce moment, je suis convaincu que des siècles et des siècles peuvent s'écouler sans aucune pensée ». Je reprends mon souffle et ouvre les yeux sur ma cabine de navire. Le cierge est toujours allumé et mon cahier ouvert. Par peur d'oublier, c'est dans celui-ci que je vous écris mon expérience. Je suis monté à bord de ce navire dans l'espoir de rejoindre la terre de mes ancêtres, ces gens qui me rattachent à la chaîne humaine. J'aurais espéré voir une dernière fois la Touraine, mais finalement je n'y vois plus d'intérêt lorsque je me sens si proche de rejoindre ceux qui m'ont précédé. Je salue une dernière fois ma famille, aux autres coins du Royaume; je salue aussi les fidèles et les hommes de foi que j'ai eu la chance de côtoyer dans ma vie. Merci et Adieu. Rédigé en mer le 14 juillet de l’an de grâce 1459

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Elle aurait aimé aussi qu'une cérémonie puisse être dite en mémoire de Thalor de Riveroy... Elle en toucherait un mot au Père Filibert, et en parlerait aussi au Capitaine Royal.
Elle s'agenouilla et pria pour l'âme de Thalor, puis sortit lentement de la chapelle.

Tout lui semblait beau, lumineux, le soleil plus flamboyant, l'herbe plus verte, les fleurs plus belles, le grand jour ! Enfin !

Notre Nwaar, habillé pour l'occasion se précipita dès le premier coup de cloches.

Il entra dans la chapelle et y trouva son ami et aumonier Oscar avec Joshin, Capitaine Royal, amie, témoin.

" Bonjour Oscar, Bonjour Joshin ! Que je suis heureux de partager avec vous ce grand moment ! "

" Mon Emelyne ne va pas tarder non plus, j'en mets ma main à couper "

Il sourit largement à cette idée.

Elle était là, belle comme un soleil levant, ses superbes yeux fixés sur les siens, divine et douce, resplendissante et simple, une perle, un Amour, une complice, une épaule, une vie, sa vie.

Nwaar prit la douce main qu'elle lui tendait, l'attira à lui, et faisant fi de soit disant bonnes manières, l'embrassa longuement.

" Mon amour, ma lumière, mon ange, ma destinée, mon rêve, ma réalité, je t'aime et t'aimerai toujours "


Notre brave tavernier était ému, plus que l'on ne pouvait l'imaginer, ému, heureux, ravi, fier et empli d'une grande joie.

Un pigeon qui ne lui était pas familier lui avait apporté une courte missive.

Courte sans doute mais émouvante. Ceux avec qui elle avait noué des liens d'amitié à Patay avaient pensé à elle. Emelyne et Nwaar la conviaient à se joindre à eux pour ce jour si important.

Elle ne fit ni une, ni deux ... elle retint le pigeon en lui donnant de quoi manger et écrivit rapidement quelques mots avant de le laisser repartir chargé de sa réponse.

Et ce matin, c'était le grand jour ! Une toilette soigneuse, un passage en revue de ses robes pour enfin arrêter son choix sur une robe bleue qui lui semblait convenir aux circonstances avaient occupé les premières heures du jour.

Ensuite elle avait pris le chemin de la caserne, chemin qu'elle avait pris il y avait déjà longtemps lorsqu'elle avait été connétable quelques jours, puis plus récemment en intégrant la Garde Ducale.

Elle se dirigea cette fois vers la chapelle dont on entendait résonner la cloche dans tous les couloirs, le son joyeux se répercutant de mur en mur jusqu'à envahir tout l'espace.

Lorsqu'elle arriva, elle fut témoin des retrouvailles d'Emelyne et Nwaarlunn et elle se dit que si l'amour portait un nom il s'appelait certainement du nom de ces deux-là.

Elle se dirigea vers Oscar et Joshin saluant au passage les autres invités présents.

Elle embrassa affectueusement Joshin et salua cordialement Oscar

Bonjour Joshin, bonjour Oscar. Vous allez bien tous les deux ?

Elle sourit à Oscar

Pas trop crispé ? Il me semble me rappeler que c'est une "première" pour vous ...

Après avoir salué le Capitaine Royal et l'Aumônier, Ninouchka put embrasser la mariée ... ben oui, c'est des choses qui se font ... avant d'aller en faire autant avec le marié ... ben le mariage c'est pas tout partager ? y compris les rations de bisous ?

Emelyne, je voulais te dire ...

Ninou, s'arrêta, regarda la jeune femme, émue tout à coup de ce qu'elle voyait dans les yeux d'Emelyne

Tu es magnifique !

Puis elle tenta de raffermir sa voix

Je voulais te dire ... ton petit mot m'a émue et m'a fait un immense plaisir. Merci à vous deux d'avoir pensé à moi.

Puis elle alla embrasser son ami Nwaarlunn, visiblement envoûté par sa future épouse

Citation :

J'imagine qu'il arrivera un peu plus tard. Comme d'ailleurs les autres soldats, sans doute. Attendons patiemment.

Joshin avait certainement vu l'inquietude se lire sur le visage d'Emelyne.

Oui merci Joshin.

Elle lui prit la main, comme pour sentir la même sérenité et la même assurance qui se degageait du Capitaine. Puis elle retrouva encore plus le sourire quand Ninouchka s'approcha pour la complimenter. Entourée des deux jeunes femmes, Emelyne jeta un oeil vers son promis qui d'un sourire la rassura.

Elle se dirigea alors vers dame Aegidia dont Nwaarlunn lui avait parlé.

Dame Aegidia, je suis Emelyne. Nous ne nous connaissons pas encore et je suis ravie de vous rencontrer. Je veux vous remercier d'être venue, j'apprécie beaucoup et mon Nwaar vous apprécie aussi, je le sais.

Puis elle aperçut un petit groupe passer les grilles de la caserne et s'avancer vers la chapelle. Elle reconnut Vitali, Marjo et les enfants. Elle se précipita vers eux, leur fit la bise et fit les présentation avec les autres invités dont ils connaissaient certains déjà..

Nwaar était heureux de voir arriver ses amis, il alla les saluer, les remercier, ayant pour chacun un mot gentil, un remerciement, une accolade ou un chaste baiser.

Il était heureux, si heureux aux côté de son Emelyne.

Notre patichon fut ému de la présence de sa supérieure aux mines, elle qui avait tant d'ouvrage, tant de responsabilités.

Et Dame Aegidia, elle aussi était venue, quel grand honneur.

De temps à autre il regardait sa promise avec une folle envie de l'embrasser, là, tout de suite, sans vergogne aucune.

" Sacré Octo ! Un grand soldat ! Mais qui aime se faire attendre ! "

Et notre Nwaar de rire un peu nerveusement quand même.